Consultation

XXI, folios:164 165
Charles IX
François de Bourbon, duc de Montpensier, prince-dauphin
Lettre non liée
31/08/1573
Montélimar
Paris

Transcription

Les mots surlignés font l'objet d'une note

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Reçue à Montélimar, le 17 septembre 1573.

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Mon cousin, jay faict mon eedict de paciffication en intention de mectre mes subgectz

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en repos et les dellivrer des vexations de la guerre. Toutesfois, je suis adverty

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que mon pauvre peuple ne laisse destre affligé et oprimé aultant que jamais

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par plusieurs compaignies de gendarmes et autres soldatz et gens de guerre

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à pied qui tiennent les champs, vont rodant le pays, et font des maux

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et extorsions innumerables, soubz couleur de se retirer en leurs maisons,

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dont je suis très desplaisant ; et daultant plus, par ce quil semble que

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la licence a prins telle habitude et auctorité, ou que la negligence soict telle

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que personne singère dy remedier, comme si tout estoict habandonné et

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à la descretion des meschans ; chose qui me poise à bon droict tellement sur

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le cœur et m’est si importante que je ne seray jamais contant que il ny soict

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pourveu comme il appartient. Au moyen de quoy, mon cousin, je vous prie

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daultant que vous desirez me faire service à Grenoble, dambrasser lexecution

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de ma volunté et en cest endroict aultant que la raison mes commandemens et

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le debvoir vous y obligent, et faire faire commandement très expres à cry

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public par tous les lieux et endroictz de votre gouvernement à ce faire accoustumez

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à toutes lesdites compaignies de mes ordonnances, gens de pied et autres gens de

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guerre de se retirer incontinant en leurs maisons et demeures sur peine

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de la vie ; et où après ladite publication il sy en retrouverra encores quelques

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ungs par les champs, sans adveu, les faire prandre et punir très rigoureusement ;

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et pour le regard des compaignies qui passent d’ung lieu à autre par mon

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commandemant et pour mon service, comme pour changer de garnison se retirer

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en leurs maisons ou pour autres causes, dont ilz feront apparoir silz vivent

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autrement quilz ne doibvent, rançonnent et pillent mon pauvre peuple

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comme la pluspart sont acoustumez de faire à mon très grand regret, je

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vous prie, mon cousin, en faire faire examplaire chastimant, de manière

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que cela puisse tenir en pollice les autres, au soulagement de mondit pauvre

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peuple ; et affin que nulle compaignie puisse entrer en votre gouvernement

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sans que vous en soyez adverty, comme il advient assez souvant que les

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premières nouvelles que lon a delles viennent des extorsions et pilleries

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quelles font, quil soict, par ladite publication, deffendu à toutes compaignies

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tant de cheval que de pied, de mectre le pid et singerer d’entrer en

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votredit gouvernement sans premierement vous en avoir adverty, affin que le

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chemin quilz auront à tenir passant en icelluy, leur soict par vous

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prescript, ou le lieu de leur garnison silz sont ordonnez pour cest effect, commectant

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quelqu'un au près de chacune, tant pour les conduire prandre garde à leur

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manière de vivre que pour leur faire administrer ce qui leur sera de besoing,

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davantage que il soict ordonné aux prevostz des mareschaux des lieux

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[164 v°] de mectre à leur queue pour faire justice de ceulx qui le meriteront

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et faire droict à qui il apartiendra si ce sont compaignies qui ne doibvent

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que passer quand elles approcheront ung autre gouvernement celluy

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que vous aurez mis à la conduicte d’icelles, ne fauldra d’en advertir

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le gouverneur et lieutenant general dicelluy, affin quil les envoye recevoir.

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Pareillement, me manderez les noms des compaignies et de celluy qui

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y commandoict, et comme elles auront vescu. Cest ordre estant

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bien suivy, jestime, mon cousin, quil sera bien facille de reprimer les

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insolences qui règnent, parquoy je vous prie sur tout que desirez me

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contanter de le faire garder comme il appartient de mode, que me reposant

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sur vous de ce faict, puis que vous en ay mandé mon intention, je sois

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asseuré que mondict pauvre peuple ne sera plus vexé, ny opprimé en

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votre dit gouvernement, comme il a esté jusques icy et que je nen aye plus de

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plainctes. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir en sa saincte garde.

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Escript à Paris, le dernier jour daoust 1573.

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Charles

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de neufville s[ecretair]e

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